Réseauter part d’un intérêt sincère pour l’autre

Les règles d’or du réseautage par Béatrice Elattar, directrice et associée d’Oxalys.

Associée d’Oxalys depuis 2021, Béatrice Elattar dirige nos bureaux de l’Arc lémanique depuis 2019. Diplômée de l’École Hôtelière de Lausanne et au bénéfice d’un master en gestion hôtelière et restauration, elle débute sa carrière dans l’hôtellerie, et la poursuit dans les ressources humaines. Elle a, entre autres, été Directrice Suisse romande et Tessin auprès du leader mondial du domaine du placement.

En 2019, elle intègre le domaine du consulting et Oasys Consultants SA, devenu Oxalys en 2024. Personnalité ouverte, dynamique et vive elle aime aussi vivre des aventures sportives hors normes et découvrir de nouveaux horizons. Réseauter a toujours nourri son parcours, et fait aujourd’hui partie de sa vie.

Comment comprendre le réseautage professionnel ?

Béatrice Elattar : On peut le définir simplement comme le processus qui consiste à créer un lien avec des amis, des clients, des connaissances… Ce lien peut ne pas être uniquement professionnel, il peut aussi se construire en dehors du travail. Il s’entretient sur le long terme, ne doit pas être activé uniquement en cas de besoin. De plus, chacun doit y trouver son compte. Réseauter doit produire des situations gagnantes-gagnantes. Enfin, il peut prendre des dimensions très diverses : messages informels, groupes d’entraide, appels…

Qu’est-ce que le réseautage n’est pas ?

B.E :

— De la corruption : réseauter n’est pas une manière de remporter une offre auprès d’un client, ou un marché quelconque par des moyens qui ne seraient pas éthiquement corrects.

— De la solidarité : les liens tissés doivent être intéressants pour tous, il ne s’agit pas pour une partie de tirer profit des relations sans offrir du temps ou des services en retour, ni, à l’inverse, de procurer uniquement une assistance.

— De l’amitié : le réseautage ne se résume pas à un sentiment d’attachement.

Où et quand créer son réseau ?

B.E : À chaque étape de sa vie ! Toute activité est l’occasion de rencontres : cours de sport ou loisirs, lorsqu’on est enfant. Jeunesses citoyennes, armée, engagement associatif, études lorsqu’on est étudiant ou apprenti. La force de ces moments partagés, c’est qu’ils permettent de tisser des liens autour d’intérêts communs alors qu’aucune sélection sociale ni compétition professionnelle n’est encore en jeu.

Une fois entré dans la vie active, les lieux de réseautage sont multiples, ils peuvent être des associations d’alumni, sportives, ou de loisirs… Mais aussi des groupes d’intérêts au sein de son entreprise, des évènements… À noter que le réseau n’est pas forcément géographique : on peut déménager et garder des liens, bénéficier du réseau d’un réseau, etc. La distance, l’absence de proximité physique n’est pas une limite mais le rend plus complexe.

Comment créer son réseau ? Puis l’entretenir ?

B.E : Tout part d’un intérêt sincère. Pour ma part, je suis curieuse des autres, je pose énormément de questions. Non seulement comment va la famille, mais aussi quelles difficultés ils rencontrent, comment elles sont surmontées, par quels moyens une personne vient à bout d’un « gros dossier », etc. Cela suppose avant tout beaucoup d’écoute !

Mais entretenir son réseau ne signifie pas uniquement se voir autour d’un café. Cela passe par des mots de remerciements, des cartes, des félicitations, des messages, des petites attentions : « je voulais vous tenir au courant de ma nouvelle fonction… », « vous avez été là pour m’aider dans ma vie professionnelle, merci… », « merci pour votre soutien à l’occasion de ce projet… », etc.

Quand activer son réseau ?

B.E : Quel dommage de ne le solliciter que lorsqu’on cherche un emploi ! Pour ma part, je le garde en veille par sincérité et curiosité. Même une fois après avoir trouvé un poste ou obtenu une aide ou information, il faut maintenir son réseau actif. D’autant plus que le mettre en place demande du temps.

Comment utiliser LinkedIn avec une perspective de réseautage ?

B.E : LinkedIn nous confronte à une telle quantité de posts, que la seule manière de voir ce qui nous intéresse consiste à s’abonner à des pages.

Par ailleurs, pour ne pas être submergé d’informations, je suggère plutôt de sélectionner et soigner ses contacts en ligne. Par exemple, je n’accepte parmi eux que les personnes, rencontrées dans la vraie vie ou que je connais et que je peux recommander à d’autres.

Enfin, il faut être vu, commenter des publications, parler de soi et de ses propres expériences : comme tout réseau social, l’outil accorde une « prime aux likes » et « commentaires » : plus on l’utilise plus on y est visible. Je conseille de s’y rendre deux à trois fois par jour, tout en ne misant pas sur cela uniquement. L’humain aussi est important.

Comment prendre contact avec quelqu’un ?

B.E : Il n’y a aucune règle pour solliciter une personne par un appel ou à aller boire un café, la pire réponse que l’on peut obtenir c’est : « non je n’ai pas le temps ». Il faut cependant trouver un prétexte qui ne soit pas centré sur son propre agenda : « j’ai vu que vous développiez tel produit/service, etc. », bref s’intéresser à l’autre. L’idéal, c’est bien entendu, d’être recommandé.

Que signifie la règle implicite du « donnant-donnant » ?

B.E : Encore une fois, il n’existe aucun code. C’est un domaine humain, qui fait appel à la sensibilité de chacun. Un merci, un mot, une carte rédigée à la main sont parfois très appréciés : cela témoigne d’une considération, d’une capacité à prendre le temps pour l’autre. Déceler ce qui touche quelqu’un, ce qu’il attend, requiert une certaine délicatesse.

Enfin, il ne faut pas hésiter non plus à poser la question ouvertement : « que puis-je faire pour toi ? » Ou annoncer : « n’hésite pas à me solliciter, je peux te fournir des contacts, t’écrire une lettre de recommandation… » Par principe, je ne dis jamais non lorsqu’on me demande un conseil. Et je reste curieuse des gens, de leur parcours, de leurs activités, de leurs défis. Mais surtout je leur rends service et suis là dès que les rôles s’inversent.

5 idées reçues sur le réseautage

 « Je n’ai pas de réseau »

Si vous faites du sport, que vous partagez une passion avec quelqu’un, que vous fréquentez régulièrement un même lieu, les parents des enfants qui sont à l’école avec les vôtres— un café, une boutique, un endroit de villégiature —, que vous avez des collègues de travail ou simplement des liens familiaux : vous avez déjà tout pour élaborer votre réseau. Reste à le construire et à le mobiliser, ce qui peut représenter un défi pour des personnes introverties.

 « Je vais saturer mon réseau »
Il ne suffit pas de partager une information ponctuelle pour qu’elle soit retenue par votre audience ! Vous n’ennuierez jamais quelqu’un en publiant sur les réseaux sociaux. L’algorithme se charge de faire le tri.

Par contre, lors d’un échange personnel, mieux vaut ne pas relancer l’interlocuteur plus de deux ou trois fois. Sans réponse de sa part, c’est qu’il n’y a pas d’intérêt ou tout simplement aucune disponibilité.

 « Je n’ai pas besoin du réseau »

Difficile de parier sur son avenir. Mais surtout, dire cela c’est oublier que le réseau peut avoir besoin de vous ! Il ne s’agit pas simplement d’enjeux professionnels, un réseau peut être utile pour partager des questions privées : « je construis une maison, je recherche l’avis d’un spécialiste. » « Je vais au Canada, comment m’assurer de faire un beau voyage ? » etc.

Entretenir un réseau est cher

En termes financiers, ce n’est pas le cas. Mais maintenir activement son réseau s’avère effectivement chronophage. Par contre, cela se retrouve parfois tellement intégré dans l’existence que l’on ne s’en rend même plus compte : il s’agit de liens humains, au même titre que d’autres relations.

En devenant dirigeant, on ne peut pas garder son réseau

Plus on occupe des fonctions exécutives, moins on dispose de temps pour réseauter, c’est un fait. Reste que les dirigeants bénéficient aussi de leurs propres réseaux. Échanger avec des personnes qui partagent les mêmes problématiques et thématiques constitue un atout extrêmement précieux.